Impacter demain grâce au design social
Docteur en innovation sociale et fervent défenseur des droits humains, Philippe Dufort est un passionné qui ne fait rien à moitié. Amoureux d’adrénaline, ses multiples projets et implications le mèneront de manière imprévisible à frapper un mur lors de sa trente huitième année : : il fait un ACV et perd l’usage de la parole. Cet événement majeur changera non seulement sa vision du travail, mais agrémentera son désir de s’impliquer encore plus dans des causes et des projets à fort potentiel d’impact pour les communautés d’ici, dont son prochain projet porteur : CMētis, inspiré de concepts fondateurs dont le design social et le co-habitat.
Natif de Métis-sur-Mer, Philippe Dufort met désormais son expérience internationale au profit des villes et villages de l’Est du Québec grâce à sa grande compréhension des enjeux sociaux et ses qualités de visionnaire.
Je t’invite aujourd’hui à découvrir un Philippe authentique dans cette entrevue à la fois touchante, inspirante et déstabilisante, bonne écoute!
Avoir de l’impact à échelle humaine avant tout
L’épisode commence sur une note un peu raide, mais ô combien grisante : on se retrouve dans le passé de Philippe Dufort où ce dernier joue le rôle de conseiller stratégique auprès de différents généraux et militaires en Colombie. Sa raison première de vivre en zone de guerre? L’adrénaline, oui, mais surtout les droits humains et le désir de transformer de l’intérieur certaines organisations.
Au fil des années, d’expériences rocambolesques et de nombreuses recherches et travaux universitaires, Philippe finit par conclure que malgré ses efforts, il vaut mieux pour lui de revenir au pays pour avoir un impact plus direct et devenir un vecteur de changement, autrement.
CMētis : un OSBL au service des sociétés de demain
Lorsqu’on fait autant de lectures sur l’innovation sociale que Philippe, on finit par non seulement par adopter l’idéologie, mais au finit aussi par faire vouloir faire mieux et s’inspirer de ce qui se passe ailleurs dans le monde pour changer notre réalité. Pour Philippe, le design social et l’innovation dans les secteurs immobilier comme de la construction au profit de l’économie sociale représentent des opportunités complètement sous-utilisées au Québec.
Pour lui, créer de la richesse pour les communautés et générer un impact positif en prenant soin de solutionner de nombreux enjeux sociaux est une avenue qui le motive au plus haut point : « Comment créer une machine qui redonne? Et mettre des ressources au service de la collectivité et de l’argent qui profite à tous. » C’est d’ailleurs un peu ça, la mission de son tout nouvel OSBL, CMētis : construire oui, des lieux inspirants où il fait bon vivre en harmonie, mais surtout, créer des initiatives qui renforcissent les liens entre les individus d’une même communauté.
{ Entre l’entrevue et maintenant, le premier projet-pilote de CMētis a d’ailleurs vu le jour et une consultation publique en ligne est désormais lancée. Plusieurs rencontres publiques de concertation se succèderont également dans les prochains mois, un projet définitivement à suivre de près! }
L’impact d’un ACV a 38 ans, c’est quoi?
« J’ai toujours vécu ma vie à fond, et les chances que ça m’arrive étaient quasi nulles, mais bon, j’étais dans le 0,5 % ». Quand on repousse trop nos limites, ça peut être une conséquence. J’ai longtemps travaillé du 70-100 h par semaine alors quand j’ai ralenti, tout est tombé. »
Philippe admet que sa conjointe a du prendre les bouchées doubles car il a fallu que : « je m’occupe que de moi. Ça a été désastreux pour ma conjointe. J’avais tellement de chantiers d’ouverts que y’a fallu que quelqu’un vienne nous aider à en fermer. Ma conjointe s’est retrouvé avec tous mes dossiers, en plus de ses choses à elle… Elle a été fabuleuse en tous points. »
Perdre la parole lorsqu’on gagne sa vie avec…
« J’ai toujours vécu de la parole : mes recherches tournent autour des mots… comment les mots influencent comment on parle. Ça été un choc pour moi. Il a fallu que je réaprenne une syllabe à la fois chaque mot que je connaissais. »
« Mon accident a carrément changé ma vision du cerveau. Si j’avais encore été prof, ça aurait radicalement changé mon approche face à l’apprentissage. » Philippe soutient que même si tout ce qu’on apprend est important, selon lui, ce qui l’est encore plus : c’est l’impact que ce même apprentissage a sur notre cerveau.
Il mentionne que les possibilités seraient infinies si on travaillait notre cerveau autrement. Il donne l’exemple de l’écriture d’une thèse de doctorat, une tâche dans laquelle un individu déploie un effort intellectuel monumental et fait la nuance en expliquant, avec bonhommie, : « Lorsqu’on passe 5 ans à faire une thèse, on doit faire plus attention à ce qu’on fait à notre cerveau pour le connecter et le reconnecter qu’au contenu de la thèse en soi. Clairement, nous avons des machines qui ont un énorme potentiel entre les mains. Alors, qu’est-ce qu’on pourrait faire avec notre cerveau, si on était plus conscient et plus habile à le développer, cognitivement? Le cerveau est un muscle cognitif puissant. »
Et personnellement, j’ai adoré me faire rappeler que tous les jours où on choisit de faire quelque chose, on choisit de traiter notre cerveau de telle ou telle façon. Mais au final, qu’est-ce qu’on pourrait accomplir de mieux si on se dédiait du temps mental et à temps plein sur une tâche précise?
Pour Philippe, l’ACV lui a permis de se rendre compte que travailler, parfois de manière acharnée, peut faire mal au cerveau : « il faut revoir comment on utilise notre machine. »
Questions de pulsion
Chaque semaine, nos invités répondent à une série de questions qui vont à gauche comme à droite : questions de pulsion! Pour Philippe, la définition d’une pulsion, c’est « d’abord et avant tout ce qu’on recherche comme sensation. Quand on travaille, y’a quelque chose qui nous fait sourire. » Lorsqu’il fait référence à son expérience avec les généraux colombiens, il avoue que pour lui, c’est véritablement une pulsion qui l’a menée là : « la défense des droits humains, c’était une forme de sport extrême! »
Si ce n’est pas déjà dans tes oreilles, je te le dis : rien de mieux que d’écouter l’épisode pour découvrir les réponses de Philippe aux 5 questions que voici :
- Qu’est-ce qui te fait vibrer? Sentir que ce que je fais a un impact.
- Quel est ton plus grand vice? Je connais quelques personnes qui ont les mêmes que lui!
- Quel risque as-tu pris? Philippe avoue que par le passé, il a toujours eu une tolérance au risque beaucoup trop grande! 😉Découvre pourquoi dans l’épisode!
- Dernière fois où tu as pleuré? Ici, tu vas carrément avoir le frisson.
- La chose la plus réconfortante pour toi? À toi de me dire si tu seras d’accord avec lui.
Une lecture intéressante pour entreprendre des actions qui font du sens pour le territoire
En conclusion de l’épisode, Philippe propose un ouvrage qui l’a beaucoup interpellé et qui l’oriente désormais dans ses choix : Dans l’oeil de James C. Scott et il nous parle, plus précisément du mot grec mètis qui signifie « le savoir qui vient du territoire ».
Pour Philippe, il semble plus qu’essentiel de s’inspirer de ce que font les gens depuis des décennies, dans un territoire donné, et de prendre le temps de comprendre pourquoi… La raison pour laquelle les choses se font de certaine manière par des humains d’un territoire, c’est que ça fonctionne et que c’est rempli de sens dans l’écosystème.
Pour lui, cette façon de travailler, de collaborer et de développer, c’est une façon de partager un savoir intuitif dans tous les milieux, c’est un savoir inspiré du territoire et des humains qui le composent et c’est d’ailleurs ce qu’il tente de réaliser, grâce au beaux humains de l’Est, avec son projet CMētis.
En terminant, voici une courte liste de différentes références nommées tout au long de l’épisode :
- CMētis (Construction Métis)
- Consultation publique de CMētis
- Page Facebook de CMētis
- Heritage Lower St-Lawrence
- Dans l’Oeil de James C. Scott
- Philippe Dufort sur Linked In
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